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Betterave La France s’arme pour la fin des quotas

Par Carole Le Jeune

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Après le lait, c’est au tour du sucre de vivre un bouleversement majeur dans son fonctionnement de marché. À compter du 1er octobre 2017, le système de quotas qui encadrait le secteur sucrier au sein de l’Union européenne (UE) prendra fin. Cette réforme alignera ce secteur sur les autres secteurs agricoles dans l’UE en termes de libéralisation du marché. En place depuis 1968, le système des quotas limite actuellement à 13,5 millions de tonnes la production de sucre au sein de l’UE. Cette réglementation garantit en contrepartie un prix minimum aux agriculteurs de 25,40 € la tonne de betterave net, et de 404 € la tonne de sucre aux industriels. En 2017, la fin des quotas va renforcer le jeu de la concurrence en Europe entre les indus­triels, tout en revenant sur les droits historiques des planteurs de betteraves. Ceux-ci bénéficiaient jusqu’à présent d’une forme d’assurance au travers d’un prix minimum garanti et d’un droit de livraison associés aux volumes du quota. La fin des quotas va notamment lever la double limitation imposée aux acteurs depuis 2006, avec d’une part un volume de quota plafonné à un niveau inférieur à la consommation alimentaire européenne (17 Mt consommées en alimentaire en regard de la limite imposée de 13,5 Mt de quota), et d’autre part une restriction des volumes exportables hors Union européenne imposée par l’OMC (1,35 Mt autorisée au sein du hors quota, contre plus de 5 Mt exportés avant 2006).

Hausse de production en vue

Ainsi les industriels français prévoient des hausses de près de 20 % de leur production sucrière dès 2017, dans le but d’améliorer leur compétitivité dans le cadre d’une stratégie offensive à l’export. La concurrence sera rude, notamment entre les grands acteurs européens, et le marché sera, lui, plus volatil. Il n’y aura plus de distinction entre les prix du sucre quotas et hors quotas, qui seront amenés à s’aligner partiellement sur les cours mondiaux. La France, premier pays producteur de sucre en Europe, présente certains avantages compétitifs, mais seront-ils suffisants pour s’imposer face à l’Allemagne d’abord (deuxième producteur européen) puis, dans un deuxième temps, face au Brésil (premier producteur et exportateur mondial) ? Le bouleversement des règles du jeu oblige la filière à repenser sa stratégie. À un an de cette libéralisation des marchés, de nombreuses questions restent en suspens. Va-t-elle déclencher une crise identique à celle que subissent les producteurs de lait ? Quelles seront les conséquences pour les planteurs ?

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